l'appel du vide — lucien

prénom lucien
nom lenoir
âge trente-neuf ans
profession chevalier de l'ordre d'aziel — le mat
origine & résidence actuelle zandor
état civil très seul
but aucun ; coincé dans le vide causé par l'armistice

grand, voir quasiment fin ; musculature sèche, dissimulée sous des vêtements un peu trop amples ; iris sombres, regard vide ; cheveux noir, tignasse courte ; teint cireux, presque cadavérique ; visage émacié, traits fatigués ; style vestimentaire sobre, affectionne les couleurs plus ternes ; les dagues sont tes armes de prédilection, plus discrètes qu'une épée ; utilise fréquemment ton pouvoir, même si ça te gratte des années de vie ; ombre, surnom court et efficace qui te collais autrefois à la peau ; fascination enfantine sur le quotidien des gens, passant par le pêcheur et par le marchand du coin pour terminer sur le chat de gouttière ; traîne souvent près de l'eau, juste pour écouter le bruit des vagues ; ironiquement, mal à l'aise dans toute obscurité qui n'est pas sienne ; tu t'es découvert une passion pour l'histoire ; adore ce qui est sucré ; abhorre particulièrement les journées trop chaudes, te réfugiant à l'ombre des bâtiments ; ne déteste toutefois pas le soleil, apprécie même le contact de ses rayons ; garde le secret quant à son rôle de chevalier, préfère l'anonymat ; déterminé à expérimenter une vie normale

amnésique ; cherche à se souvenir de son passé ; beaucoup trop curieux ; inapte socialement ; patient ; observateur ; radical ; abrupt ; insouciant ; humeur très changeante, lunatique ; un poil crédule ; décalé ; facilement émerveillé et amusé

tu ne sais pas qui tu étais par le passé. peut-être étais-tu un gamin souriant, les yeux plein d'étoiles et des rêves plein la tête. peut-être que tu étais le cadet d'une fratrie, celui qu'on tapote gentiment sur la tête parce qu'il a fait une bêtise. peut-être que tu avais des amis, avec qui jouer dans les rues près du port. il y avait bien quelqu'un avant lucien, avant le vide, avant et tu ne t'en souviens pas. ça te ronge, de ne plus connaître ton identité, de devoir vivre sous un nom qui n'est pas celui avec lequel tu es né. d'assumer un patronyme qui est lié à des atrocités, sans pouvoir retourner à un semblant d'innocence.

tu es lucien, le fou, le mat, qui malgré cela, cherche désespérément à tout savoir, tout connaître sur tout et rien. tu trouves ton bonheur à observer, dissimulé dans les ombres, les citoyens. ça t'occupes, de vivre par procuration. puis quand tu en as le courage, tu te faufiles parmi eux, avec une maladresse qui, si elle ne provenait pas d'un adulte, serait presque attachante. tu ne sais pas interagir correctement avec autrui, tantôt trop insistant tantôt trop distant, à la fois intéressé et indifférent. à force de s'isoler, de ne côtoyer qu'une poignée de personne au cours des décennies, ton entregent est terriblement rouillé.

malheureusement, des années d'horreurs ne s'effacent pas en quelques mois. si tu restes plutôt inoffensif — bien que particulièrement curieux, la plupart du temps, il ne suffit que d'un larcin pour que l'engrenage se remette en marche. ton objectif était, est toujours, de veiller au bon fonctionnement de la justice. tu t'assures que ce soit le cas, parfois de manière radicale, optant pour une solution permanente, parfois miséricordieuse, préférant une approche moins sévère.

perché sur le haut d'une des falaises bordant la ville, le vent salin fouette ton visage, te fait plisser les yeux. les vagues se fracassent sur les rochers en contrebas, les eaux sombres s'agitant au rythme de la houle. ce n'est pas la première fois que tu te retrouves ici, au bord du précipice, à contempler le ciel et la mer, cherchant désespérément une réponse à tes questions. qu'est-ce qui me retient ici, maintenant que mon utilité touche à sa fin ? tu t'inclines, doucement, vers l'avant, le regard perdu dans l'étendue trouble. juste un pas et tu tomberais. juste un pas et le vide t'attraperais dans ses bras. juste un pas et tu laisserais tout cela derrière toi.

tes souvenirs flous, dispersés et parfois hors de portée. le son des marées, que tu t'imaginais pour te remonter le moral, quand tu étais coincé dans ta cellule. les traits de la femme que tu ne reconnais pas. ta mémoire qui te fait défaut dès que ça concerne l'avant. les réminiscences du noir oppressant, de l'obscurité dans laquelle tu étais plongé pendant des jours interminables, de la lumière qui te brûlait les yeux quand on finissait par t'en sortir. des coups, du métal froid contre ton épiderme, des murmures et des râles qui perçaient au travers de la pierre. du nom que tu as oublié et le moment où on t'as baptisé mat qui reste gravé dans ton esprit, marqué au fer rouge, ancré profondément dans ton encéphale.

la guerre, qui revient te hanter. les atrocités que tu as commises — ces moments où tu alternais entre le réel et l'immatériel, tes lames plongeant sans bruit dans les interstices des armures alors qu'un souffle s'échappait des lèvres ennemies, mêlées à celles des autres. celles qui dansent derrière tes paupières, te forces à te remémorer chaque combats, et l'absence de dégoût que tu ressens, l'indifférence qui y est rattaché. ton incapacité à changer quoi que ce soit au passé.

et maintenant... maintenant tu es perdu, coincé dans l'inaction causée par l'armistice. on t'as façonné, modelé pour le combat et maintenant que la paix règne, tu ne sais plus quoi faire de tes mains. tu erres dans cette ville familière, circules dans les rues qui font remonter des sensations que tu ne peux expliquer. oscillant entre les ténèbres familières et la vie des citoyens, tu écoutes et observes avec attention. tu aimerais faire comme eux, rire, pleurer, t'exulter, apprécier chaque petite chose pour le temps qu'il te reste. vivre comme si tout cela n'était qu'un songe.

il ne suffirait que d'une enjambée et tu ne pourrais plus profiter des matins sur les quais. des odeurs du marché, du soleil sur ta peau, du rire amusé des bonnes gens, de toutes les petites actions qu'ils font dont tu t'es pris d'affection. (wip)