Voici un an que l'armistice a été sonnée. La transition entre guerre et paix n'a pas été évidente et certains ont peur de voir le pacte éclater à tout instant. La paix est une valeur instable, un faux pas et elle peut s'évaporer, un claquement de doigt et tout peut s'effondrer. Pourtant, voilà un an que le calme règne sur Aziel, la vie a repris son cours mais après cent ans de guerre incessante, qu'est ce que la normalité ?
Une chose est sûre, c'est qu'aujourd'hui cela fait 365 jours que le pays n'a plus subi d'assaut venant des autres contrées et en ce jour béni des Ruchs, le pays est en joie. Les cinq villes principales d'Aziel se sont réunies pour organiser un grand festin en cette occasion. Soyez présent pour ce grand jour !
Marche à suivre
Bonjour à tous, nous vous invitons à venir participer au tout premier Monde Vivant du forum. Les Mondes Vivants sont les événements qui vont faire avancer l'histoire du forum, ils prendront plusieurs formes au fil de l'aventure : évent, jeux, intrigue, etc.
Pour ce tout premier événement, nous vous proposons un rp de groupe pour fêter l'Armistice à Aziel. C'est le moment adéquat pour vous rencontrer et créer des liens avec les autres habitants du pays.
Participer au grand banquet vous fera gagner 10 point Rp à débourser en boutique. Vous avez le droit de répondre tous les 3 postes ou plus.
Vous avez jusqu'au 15 septembre pour participer à cet événement.
Le soleil était là, Présente mais à l'écart de la foule. Elle avait reçu l'ordre du colonel de veiller à ce que tout se passe bien. Alors elle gardait un œil sur la populace.
Cette fête la mettait mal à l'aise. La guerre était finie certe mais comment se réjouir ainsi alors qu'il y avait eu autant de dégâts ? Elle avait bien du mal à comprendre.
Elle portait attention à la foule qui grouillait autour du buffet. Les gens papotaient, grignotaient, rigolaient. De temps en temps, des regards se tournaient vers elle. Des voix chuchotaient : "est-ce une membre de l'Ordre ?" "tu penses qu'il y en a d'autres ici ?" "oui ! Je suis sûre d'en avoir déjà croisé ! "
Hippolyte n'y portait pas grande attention, elle ne voulait pas être gênée dans son travail et elle ne voulait certainement pas parler de ses "exploits de guerre".
D'autres chevaliers étaient bien là aussi, elle n'était pas seule à surveiller la petite fête en l'honneur de l'armistice.
Le temps lui semblait d'une lenteur interminable, elle attendait avec impatience que cette journée soit finie...
Je n’avais pas imaginé revenir un jour dans la ville de mon enfance, depuis la fin de la guerre elle avait bien changé et aujourd’hui était le jour du banquet, fêtant l'armistice. Aussi pompeux qu’il puisse être, tout le monde y était convié et je ne dérogerais pas à la règle, de la nourriture gratuite... Qui dirait non ? Si seulement mon frère était présent il aurait pu nous faire une démonstration de danse hors du commun.
La seule bonne nouvelle était les rencontres que je pouvais faire, des jolies filles de préférence. Enfin un garçon ne me dérangerait pas non plus. Mon œil se portait vers les convives, tous venaient d'endroit différent mais ils avaient tous un point commun. Leur style qui laissait à désirer, leurs coiffures n'en parlons pas ! Je secouais ma tête, savant pertinemment que personne ne serait à mon niveau en cette journée, pas même les nobles.
En avançant au sein de la foule tout en prenant soin de déguster les mets proposés, mon regard se posait vers les individus un peu plus isolés, probablement des gardes qui étaient chargés de la protection ou encore d'autres qui ne se sentait pas à leur place. Il y avait également une jeune femme à la chevelure particulière, quelqu'un qui semblait important au vu des regards échangés en sa direction. M'approchant à pas de loup, je m'adressais à elle, un sourire angélique se dessinant sur mon visage ce qui détonnait avec l'air sérieux de la jeune femme. "Une si charmante femme seule pendant un tel festin... C'est inhabituel. Puis-je vous tenir compagnie ?"
Pourquoi ne pas essayer, je n'avais rien à perdre et puis il y aura sans nul doute de nombreuses personnes intéressantes qui se montreront dans le coin. C'est ce que j'espérais, je ne voulais pas mourir d'ennui.
Elle n'est pas venue seule. Il s'agit là d'un jour très spécial, et ce, pour tout les habitants d'Aziel. Voilà à présent un an que la guerre s'est effacé, au profit de la paix. La peur est pourtant encore bien présente, rendant ainsi l'atmosphère quelque peu présente. À tout moment, le drame peut surgir de partout et nul part à la fois. L'espoir est un présent, un sentiment faisant vivre. Rêver d'un monde meilleur, baser sur de nouvelles bases et relations. Faut-il encore qu'elle s'avère être bonnes. Il n'est pas faute pour certain que de prier.
Alors, elle est là, dans sa robe légère. De nombreux bijoux trouvant place un peu partout sur son corps et la rendant encore plus élégante. Ainsi parée, Ambre peut faire l'animation en ce jour de fête. La guilde des artistes, elle a quitté, la troupe du cirque, elle a intégré à la place. Ensemble, ils vont faire une prestation se voulant la plus grande jamais vue. Mais pas dans l'immédiat. Il est pour le moment l'heure pour elle que d'arpenter l'endroit tranquillement. Quelques têtes connues font leurs apparitions, notamment celle d'Amina. Un homme qu'elle connaît depuis quelques années déjà, grâce à son frère. Un homme ayant lui aussi trouvé la mort durant cette grande guerre.
Chassant les mauvaises pensées de sa tête, Ambre se demande bien si elle va aller l'embêter. La demoiselle en sa compagnie la dissuade et elle cherche donc autre chose à faire. Manger avant la représentation n'est guère un choix fort judicieux. Tout comme boire.
Alors, elle erre encore dans la foule, prête à se faire accoster à tout moment. Ambre n'est pas méchante, elle ne mord pas... Toutefois, les objets brillants peuvent attirer son regard.
La soirée prévoyait d'être mouvementé. Beaucoup de monde était attendu pour fêter les 365 jours de paix. Le colonel avait parlé, l'Ordre devait être présent pour l'évènement. Histoire de "surveiller" la fête, que tout se déroule bien, mais aussi histoire de montrer l'importance et la force que peut avoir les chevaliers. Tels des pantins, mannequins que tout le monde regarde du coin de l’œil, Le Soleil et Le Jugement sont à quelques mètres l'une de l'autre, sans se regarder et sans vraiment se prêter attention. Juliette porte un visage neutre, bras en avant, mains croisées entre elles. Elle est habillée à la mode d'Anthipre, chemise blanche élégante et brodées d'une couleur or, sous une longue veste sombre au col relevé, pantalon noir et bottine tout aussi noire. Finalement elle se fondrait très bien dans le décor si elle n'était pas accompagnée de son épée, rentrée dans son fourreau, quasiment bien mise en évidence. Pas très rassurant quand on est ici pour faire la paix.
- Un cocktail ?
La Guilde des restaurateurs avait tout mis en œuvre pour que la fête soit réussit. L'un de ses serveurs venait de s'approcher de Juliette. Celle-ci avait très bien remarqué l'alcool de Phiphalaliom, très apprécié. Peu hésitante, sa main vint récupérer le verre de justesse, tandis que le serveur se pressait de rejoindre un groupe de personne qui venait tout juste d'arriver. Une sorte de troupe de cirque. Buvant l'alcool qui lui brûlait la gorge, elle se mit à observer en silence mais avec assez peu de discrétion la jeune femme qui sortait du lot (Ambre). Une jolie brune habillée de vêtements légers et sûrement très pratique pour danser. Oubliant un bref instant son rôle de chevalière, elle terminait jusqu'à la dernière goutte son verre, le regard trop attaché aux femmes.
Aujourd'hui est un grand jour de célébration. La foule réunie en ce lieu fête l'armistice, apportant paix et tranquillité. Mais je suis toutefois terre-à-terre: tout cela n'est qu'un faux semblant, malgré les apparences. Il est évident que les séquelles de la guerre sont encore fraîches dans l'esprit des gens, encrés au plus profond d'eux même, car les disparus au combat, eux, sont loin d'être factices. Pour ma part, j'estime qu'il faut passer à autre chose, tout simplement. Même si certains pourraient considérer ce genre de pensées comme une forme de lâcheté, peu importe...
Je marche donc d'un pas lent et calme, mais néanmoins le regard à l'affût, reconnaissant quelques visages ici et là, mais ce sont pour la plupart de simples connaissances pour lesquelles je ne porte pas de réel intérêt, si ce n'est purement professionnel. Mais je n'écarte pas la possibilité de croiser de nouvelles personnes pouvant retenir mon attention, ne sait-on jamais. Entre les habits hauts en couleurs et les parures miroitantes, je dois avouer ne plus savoir où donner de la tête. Pour ma part, j'ai choisi la simplicité: une tenue classique, sans fioritures, sobre mais élégante.
Du coup, je ne me gêne pas au passage pour me servir dans ce somptueux buffet: les couleurs et la disposition de la nourriture exposée ici en font un chef d'oeuvre. J'apprécie l'art, et je dois quand même avouer que j'ai particulièrement hâte de voir la troupe exposer sa performance d'un moment à l'autre. Qu'il s'agisse de peinture, de danse ou de musique, les meilleurs artistes arrivent à nous faire voyager sans que l'on ne bouge grâce à leurs talents, pour ainsi dire.
En écoutant des bribes de conversation, je remarque que des chevaliers de l'Ordre sont présents, bien que je n'arrive pas trop à les distinguer pour le moment. Je hausse les épaules en continuant de déguster quelques mets, en balayant la salle du regard, observant tous les convives, dont certains retenant potentiellement mon attention avec des tenues colorées et aux couleurs chatoyantes. Je me mêle un peu à la foule, sans forcément participer aux sujets de conversation et autres débats divers et variés, mais faisant mine d'écouter. J'attends simplement que le temps passe, en essayant de me divertir autant que possible.
La fête battait son plein. Les cœurs embrasés par cette célébration. Têtes souriantes et étourdies. Façade qui cache bien son jeu. Les gens se groupaient, toujours un peu plus. La foule prenait maintenant toute la place. Elle était simplement noir de monde.
Droite comme un I, elle veillait. Essayant de ne pas souffler devant ce publique trop bruyant. Ce n'était clairement pas son truc, le monde. Dans un sens, elle enviait peut-être ceux qui pouvaient en profiter.
L'envie de bailler vint la surprendre, elle se reprit aussitôt. Rester vigilante. C'était le maître mot de cette cérémonie en l'honneur de la paix. Mais quelqu'un vint à sa rencontre. Il était silencieux. Cela surprit le Soleil qui se crispa. Elle sentit une flammèche se former au creux de sa main qu'elle effaça presque directement. Calme. Ce n'est qu'un civil. Relâche la pression. Elle s'apaisa donc, restant tout de même sur ses gardes.
C'était assez troublant pour la belle que personne n'avait, jusqu'ici, osé approcher.
❝ Une si charmante femme seule pendant un tel festin... C'est inhabituel. Puis-je vous tenir compagnie ? ❞
Charmante? Demoiselle? A ces mots, elle fronça les sourcils. Savait-il seulement à qui il s'adressait? Il avait un doux sourire qui n'effaça pas le regard strict d'Hippolyte. Elle le regarda de bas en haut avant de reposer son intérêt sur la foule ambiante. Que devait-elle répondre exactement? En soi, il ne la gênait pas. D'un autre côté, ce n'était pas son boulot de répondre à ce genre de demande. Mais après tout... c'était jours de fête.
❝ Si cela vous chante. ❞ lança-t-elle d'un air détaché.
Elle ne détachait pas un seul sourire mais sa beauté rattrapait ce léger détail insignifiant. Me regardant de haut en bas, elle avait sans doute remarqué ma magnificence.
« Si cela vous chante »
Le ton sec employé sans même me regarder... Superbe ! Une femme avec une force de caractère, quelle chance ! Néanmoins elle est plus absorbée par la foule que par moi. Elle est probablement en train de travailler. Un garde ? Non peu probable, elle n'a pas vraiment l'uniforme. Un mercenaire ne serait pas engagé pour la protection des civils car il serait plus en train de boire que de faire son travail surtout si la paye est moindre. Il ne restait que la possibilité qu'elle soit....
J'écarquillais mes yeux, c'était probablement une chevalière de l'ordre. Je n'en avais jamais vu en vrai. Seul un fou aurait pu vouloir lui adresser la parole, les regards en ma direction appuyant ma pensée. Ce n'était pas le moment de me démonter, je gardais mon calme en restant à côté d'elle, posant mes yeux sur la foule. « Vous faite partie de l'ordre ? Même quelqu'un de votre envergure aurait besoin d'un jour ou l'autre de mes services. Je suis coiffeur, vous pourriez passer dans mon commerce à Zandor, elle est assez connue ! »
Je souriais pour ponctuer ma phrase tout en balayant encore une fois les habitants qui s'amusaient. Je croyais même reconnaître Ambre, cette fille... J'espère juste qu'elle ne me remarquera pas, elle pourrait me décrédibiliser.
Ses pas sont certains, entrecoupés, déchirés. Comme son âme. Mais Trudi ne sait plus où aller. Sous sa capeline, elle voudrait tant de chose. Disparaitre. Repartir dans sa forêt. Fuir. Aller n’importe où sauf ici. Ici où trop de monde se côtoie.
Et pourtant, elle est là.
Wellington lui avait ordonné de venir et elle n’avait pas dérogé à l’ordre. C’était encore un chien bien dressé qui obéit. Même après une année passée complétement seule et isolée. Trudi n’est plus habituée aux mondanités. A-t-elle seulement été une fois friande de ce genre d’évènement ? Elle ne saurait plus le dire. Tout est si flou dans ses mémoires qu’elle ne veut pas y mettre les pieds. Elle fait déjà bien trop de cauchemars lors de ses nuitées pour ne pas s’en rajouter une fois réveillée.
Ses cernes trahissent son malaise. Elle voudrait partir, mais ses pieds sont comme de plomb. Elle voudrait hurler mais sa gorge est nouée. L’angoisse rythme son sang, les battements de son cœur. Sous sa capeline velours, le calme règne et pourtant c’est bel et bien une trompeuse apparence. Sa respiration, bien que maîtrisée, peine à trouver un rythme régulier.
Le vert de son apparat masque son visage, l’éclat éteint de ses yeux. Dans ce coin de cour, elle tâche de se faire la plus discrète possible. D’autant qu’une question lui reste en tête, incessante : Pourquoi Wellington voulait-il la voir ici ?
Des bruits de sandales claquent sur les pavés d’Anthipre. Leur propriétaire fuit, à toute allure, quelque chose. Des perles de sueurs coulent le long de son nez, il est en nage. Il fuit un danger mortel, la peur au ventre, des ailes aux pieds. La plus lente des limaces devient clairaufaon lorsque le danger approche, ça tombe bien, car lui est plus habité par l’hédonisme que par la tempérance, et sa panse l’aurais probablement lestée en d’autres circonstances.
Derrière lui, il entend les passants être lourdement poussés par le monstre qui le poursuit. Ils étaient tombés face à face dans la cuisine du palais et il le poursuivait depuis, semblant ne jamais vouloir perde son souffle, ses choses doivent-elles seulement respirer ? Il n’avait croisé que brièvement son regard et rien que de repenser à ses deux pupilles grises comme de l’acier froid, il se sentait courir plus vite.
Il saisit d’une main tremblante la corniche d’une maison afin de s’engouffrer plus vite dans la ruelle avoisinante. La fatigue commençait à le faire délirer, à baver même, mais l’envie de vivre s’accrochait à sa carcasse comme l’odeur tenace d’un parfum renversé sur des draps frais. Il lui fallait fuir, fuir pour survivre, c’était son seul but, vivre pour voir un autre jour. Il voyait au bout de la rue les lumières virevoltantes de la grand-place, place pleine à craquée en ce jour ce qui lui serait forcément salutaire, il y trouverait probablement de l’aide.
Alors qu’il finit enfin par déboucher dans le grand espace ouvert qui lui faisait face, le cuisinier grassouillet sentit une force brute le pousser en avant, l’amenant puissamment au sol. Sa tête vint frapper contre les pavés de la place alors qu’il sentait ses bras pris dans une clef douloureuse.
« Mais vous êtes qui bon sang ! Cria le pauvre homme prisonnier. - Owain Lavillié, plus connu sous le nom de la tour ! Ton règne de terreur s’arrête ici, criminel ! - L’Ordre ?! Mais qu’est-ce que…qu’ai-je fais ? Bredouilla l’homme, totalement dépassé par les évènements. - L’immense gâteau de la célébration…Vous vous en êtes occupés. Questionna le membre de l’ordre. - Mais bien sûr, je suis le chef pâtissier… - La chantilly…vous en avez mis ! - Oui ! Quel gâteau digne de ce nom sortirait d’une cuisine sans chantilly… - Elle n’était pas réfrigérée et à donc tournée durant la nuit…Vous le saviez ! Vous l’avez goûté je vous ai vu ! Et vous l’avez tout de même mise sur le gâteau. - Mais vous m’espionniez ? Et puis il y a plus de dix litres de chantilly sur le gâteau…Tenta de raisonner le cuisinier plus estomaqué que blessé. - Vous avez tenté de tous nous empoisonner ! CRIMINEL !
Le vacarme de la discussion commença à attirer de plus en plus de gens, qui entourèrent bien vide le duo. Discutant de plus en plus bruyamment, il semblait essayer de comprendre ce qui se passait.
Plusieurs regards se posent sur elle, mais certains se font plus insistant. Alors, dans ces moments-là, elle essaye de les repérer. Une chose bien difficile vu l'immense foule qui grandit de minutes en minutes. Ses yeux finissent par se poser sur une femme à la beauté froide. Cette dame qui la dévisage avec... De l'intérêt ? C'est du moins, la pensée qui traverse l'esprit d'Ambre avec une pointe d'amusement.
Ses pas décident de la rapprocher de l'autre. Au fur et à mesure qu'elle avance, la danseuse remarque un détail très intéressant. Est-ce que cette personne ne serait pas une chevalière par hasard. Cela expliquerait cette froideur qui émane de son être. Pourquoi ne pas faire comme Amina, en allant à la rencontre d'un membre de l'Ordre - si son flair ne s'est pas trompé -. À quelques mètres seulement d'elle à présent, Ambre offre un sourire sincère.
- En voilà une arme que j'espère ne pas voir en action.
Au début, elle souhaitait dire tout autre chose. Toutefois, ses paroles seraient vite allées dans l'ambiguïté du moment. Alors, elle reste sur cette réplique, en ajoutant une autre phrase. Une demande, une simple invitation.
- Est-ce que cela vous dérange si je vous tiens compagnie, le temps que la fête ne commence réellement ?
Elle attend enfin une réponse. Quelle soit positive ou négative, peu importe. Ambre questionne juste, car la chevalière a attisé sa curiosité. Dans le pire des cas, elle donnera toute son énergie pour sa prestation et ainsi, noyer sa frustration.
Un vacarme se fait entendre un peu plus loin. La femme fronce les sourcils immédiatement. La fête est-elle déjà vouée à prendre une autre tournure. L'envie d'aller jeter un coup d'œil est présente, mais cela reviendrait à faire comme les trois-quarts des gens se trouvant sur place. Elle préfère voir ce que va faire cette chevalière. Le même serveur que plus tôt pour celle de l'Odre lui propose un cocktail. Une proposition qu'elle refuse avec politesse, tout en lui demandant plutôt une boisson sucrée à la place et sans une goutte d'alcool.
La foule qui faisait des allers et venues, tantôt s'arrêtant pour saluer des connaissances puis repartant, s'écarta lentement lorsqu'une jeune femme à la trentaine à peine entamée décida de ne plus suivre le mouvement. Coupant à travers champs, elle s'approcha de la chevalière de la Garde, un sourire se dessinant sur ses lèvres. Juliette essayait de garder son calme, mais il était évident que ce rapprochement soudain mettait dans un péril la mission qu'on lui avait confiée. La danseuse parlait de son épée. Juliette posa alors sa main gauche sur le pommeau. Cette femme était magnifique, mais elle ignorait d'où elle venait et quelles étaient ses intentions. L'Ordre leur avait appris à ne faire confiance qu'en eux-mêmes.
- Madame. Le Jugement baissa la tête en signe de respect.
- Est-ce que cela vous dérange si je vous tiens compagnie, le temps que la fête ne commence réellement ?
À cet instant, Juliette ne sut dire si elle avait été sauvée par l'un de ses collègues ou non. Le vacarme venait de la table où un gâteau avait été préparé et déposé. La chevalière pouvait reconnaître cette voix hurlant au chef pâtissier entre toutes autres. La Tour. Elle avait hésité entre lui et un autre garde pour gâcher leur réputation ce soir-là. C'était tombé sur lui, on dirait bien, alors que la fête venait à peine de démarrer. Assez grande pour apercevoir l'Ermite et le Soleil, elle priait pour que l'une d'entre elles se décident d'aller voir. Hippolyte semblait tout aussi occupée, mais Trudi était la plus proche de la scène. Comment faire face aux regards des gens tout autour quand l'un des siens est en train de préparer un pilori pour le pâtissier plus apprécié et reconnu de tout Anthripe ?
- Très bien, je- Juliette serrait les dents. Vous êtes ravissante dans cette robe, vous-êtes danseuse n'est-ce pas ?
Difficile de bien se faire entendre avec tout le bruit autour, les deux femmes devaient se rapprocher l'une de l'autre. Ce qui allait très bien à Juliette qui aurait tout voulu sauf être gênée par l'Ordre ce soir-là.
Toujours ce sourire enjôleur sur son visage, l'homme à la parfaite moustache continuait de parler.
❝ Vous faite partie de l'ordre ? ❞
Il avait donc compris sa nature de chevalière. Au moins, il avait quelque peu de jugeote. Bien, c'était plus simple ainsi.
❝ C'est cela m... ❞
Elle n'avait pas du commencer à parler assez fort vu qu'il enchaîna sur une autre phrase.
❝ Même quelqu'un de votre envergure aurait besoin d'un jour ou l'autre de mes services. Je suis coiffeur, vous pourriez passer dans mon commerce à Zandor, elle est assez connue ! ❞
Coiffeur hein? Elle ne se rappelait pas en avoir déjà fréquenter un. La plupart du temps, c'était son épée qui lui servait de lame à couper ses mèches rosées. Passer chez un tel personnage ne lui avait jamais éffleuré l'esprit.
❝ J'y pens... ❞
Encore une fois, elle fut coupée dans son élan. Agacée par ce remue ménage, elle s'intéressa aux principaux responsables du vacarme naissant. La Tour. Qu'avait-il donc à jacasser comme un coq encore? Il était question de chantilly et de...
❝ Vous avez tenté de tous nous empoisonner ! CRIMINEL ! ❞
Que... QUOI?!
Elle eut un frisson d’effrois. Elle délaissa le beau moustachu et ne fit que quelques enjambées rapides pour arriver à hauteur de son compagnon foudroyant. Elle lui claqua la tête d'un revers de la main :
❝ Et l'appréhender devant tout ce beau monde, c'est malin! ❞
Poussant le chevalier, elle empoigna le pâtissier, commençant à le secouer tel un pauvre prunier. Maintenant qu'il était de toute façon à la vue de tous, autant le faire avouer!
❝ Le poison! Tu l'as eu où?! Pourquoi déranger cette pauvre fête! BOUGRE!! Tu payeras pour ce crime! ❞
N'ayant pas le temps d'entendre la réponse de la belle chevalière de l'ordre, le brouhaha local s'intensifier pour que tout le monde soit autour d'une scène entre un chevalier et le pâtissier le plus célèbre de la ville. Je le connaissais quand j'étais petit il me donnait parfois une pâtisserie car nous étions pauvres mon frère et moi. Surtout après le départ de notre mère.
Je souriais bêtement en sachant à ce que je m'apprêtais à faire. Je m'avançais vers la scène, voyant que la belle à qui je m'adressais était en train de malmener le pauvre bougre. Les citoyens commençaient également à s'agitait en entendant le mot poison. Je montais sur une sorte de chaise vide juste à côté du gâteau. Je pris une profonde inspiration et pris un air inquiet mais plein de compassion. J'adorais jouer la comédie surtout avant de trancher la gorge de ma cible mais là était une tout autre scène. « Mesdames, messieurs ! Ne sont nous pas tous réunis ici pour fêter la paix ? La querelle ne nous mènera à rien ! Chevalier, soyez clément en ce jour de fête. Cet homme je le connaissais quand je vivais ici, c'est le plus gentil de tous, j'ai confiance en lui ! De plus...»
Tous les regards étaient posés sur moi, c'est ce que je voulais. Je descendais de mon piédestal, prenant au passage de la crème discrètement dans ma main droite. « Si vous voulez vraiment savoir s'il y a du poison mademoiselle.. »
Je tournai autour des chevaliers avant d'effectuer un geste aussi rapide qu'imprévisible, jetant la chantilly sur le faciès de celui qui l'avait accusé. Advienne que pourra ! Je voulais prouver qu'il avait tort. Souriant bêtement en entendant les rires des citoyens, j'avais réussi à détendre l'atmosphère. Je reculais doucement, cherchant du regard quelqu'un qui pourrait me couvrir si jamais.
Outrage ! Insulte ! Trahison ! Disgrâce ! Comment ose-t-il ? Comment cette chose peut-elle arriver ? Comment peut-elle seulement être imaginée ?! Cette personne se rend-elle seulement compte de ce qu’elle vient de faire ?! Les valeurs se perdent…Patriotisme, fidélité, honneur…Tous ça…ce n’est plus que des mots depuis la fin de la guerre. Tel était le destin d’un peuple apathique, engraissé dans l’inactivité d’une paix trop facilement acquise ! Je fulmine ! J’enrage, de ce peuple qui traite ainsi ses héros, ses sauveurs. J’ai tout donné pour eux ! Tout !
Alors que la chantilly coulait lentement sur mon visage enragé, je savais qu’elle l’occultait de même. J’avais le temps de me ressaisir, tous dirigeaient maintenant leurs regards vers moi, ils attendaient, horrifié, ma réaction. Mes poings tremblaient de colères, des étincelles éparses crépitant de manière subreptice commençaient à apparaître malgré moi. Je bouillonnais littéralement et alors que je chassais tant bien que mal l’idée de mettre fin à la triste vie du dandy qui m’avait insulté, je ne pouvais m’empêcher d’imaginer les cris qu’il ferrait avant de mourir.
La chantilly finit par tomber lourdement au sol, comme un tas de crottin fraichement sortit de l’animal. Elle laissa apparaître mon visage fendu d’un large sourire. Non un sourire mesquin mais bel et bien un sourire de joie qui fut très vite accompagné par un éclat de rire.
« Fantastique, tout simplement fantastique ! » Dis-je haut et fort à l’assemblée « On sent à peine le goût vinaigré de cette crème passée de date ! »
J’avais réussi à me contenir de justesse, il s’en était fallu de peu. Alors que je venais de finir ma phrase, je sentais les petites serres de Peparro me labourer tendrement l’épaule comme pour me signifier que la tension rodait tout de même toujours dans l’air. Je m’étais sans doute emporté en poursuivant le pâtissier, emporté par mon envie de rendre cette journée parfaite. Il me fallait maintenant désamorcer cette situation au plus vite au risque de faire le strict contraire de ce que j’avais voulu entreprendre.
« Ouf…Je sens tout de même les crampes arriver… » dis-je innocemment en faisant mine de tenir mon ventre.
